- HOUILLÈRE (FLORE)
- HOUILLÈRE (FLORE)À la suite du soulèvement pratiquement universel des aires continentales et des chaînes carbonifères (épeirogenèse mésocarbonifère), la végétation qui s’est développée sous les tropiques pendant la seconde partie du Carbonifère (Pennsylvanien XXV et XXVI) a des caractères forestiers. On la groupe sous le terme de forêt (ou flore) houillère. Elle s’étend essentiellement sur une partie de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de la Sibérie.On connaît la forêt houillère par les fossiles généralement disjoints de l’appareil végétatif (feuilles, tiges, écorces, racines), parfois les fructifications, et beaucoup plus souvent les spores et les pollens largement dispersés par les vents.La flore du Pennsylvanien XXVAu Pennsylvanien XXV (Westphalien), dans les bas-fonds de la chaîne varisque en cours de surrection, la nappe phréatique affleurait et baignait le sol. Il s’y installa des marécages, parfois envahis par la mer (bassins paraliques), comparables écologiquement aux swamps de la Floride actuelle. Une végétation arborescente très particulière s’y implanta, formée de Cryptogames vasculaires: Lycophytes géantes (Lepidodendron, Sigillaria ), Prêles géantes (Calamites ) et Fougères arborescentes (Osmondacées, Psaroniales). Il s’y ajoute des arbustes et des arbres d’un niveau d’organisation supérieur, qui peuvent être rattachés aux Gymnospermes, tels que les Ptéridospermales arbustives à port de fougères, et même des Conifères. Des Lycophytes et des Fougères herbacées, appartenant à des types aujourd’hui tropicaux, constituent des sortes de prairies de sous-bois.Cette forêt avait donc les pieds dans l’eau et, dans cette eau marécageuse, pullulaient des algues monocellulaires (Xanthophycées, Botryococcus ); elles ont contribué à constituer des charbons bitumineux spéciaux (bogheads ).Les rythmes de la sédimentation houillère se sont exprimés dans la stratification de la végétation: les Calamites abondent surtout à la base des couches de houille (mur), les Lycopodinées au sein même des veines de charbon.En outre, les Cordaïtes, grands arbres à longues feuilles et atteignant quarante mètres de haut dont le stade d’évolution était proche de celui des Conifères, peuplaient les terres élevées en Europe occidentale, alors qu’ils constituaient de véritables mangroves spécialisées en Amérique du Nord.L’ensemble de cette première flore houillère correspond à un climat sahélien, alternativement humide et sec, à température égale toute l’année (bois sans anneaux saisonniers). La faune qu’elle abritait comptait des Scorpions, des Insectes (avec leurs larves), des Myriapodes géants (Arthropleura ) et des Amphibiens Stégocéphales.La flore du Pennsylvanien XXVIAu Pennsylvanien XXVI (Stéphanien), les incursions marines ont cessé en Europe occidentale, où la chaîne varisque est pratiquement achevée, et les marécages ont fait place à des lacs, souvent profonds, dans lesquels vivent en abondance des Crustacés conchostracés (Estheria ), des Poissons crossoptérygiens et ganoïdes. C’est le cas par exemple dans le bassin sarro-lorrain. Autour des lacs continue de régner la forêt houillère, qui abrite des Insectes et des Arachnides, des Amphibiens Stégocéphales (couches de Nyran en Silésie).La flore «stéphanienne» se distingue de la flore «westphalienne», d’abord par son adaptation à un climat devenu plus sec et moins chaud dans le monde entier. Les «fleurs d’eau» à Botryococcacées abondent dans les lacs, où se développent des Charophytes. Les Lycopodinées, Calamites, Fougères et Cordaïtes demeurent. Des genres voisins des Prêles (Annularia ) constituent des lianes. Les Ptéridospermales et, d’une manière générale, toutes les plantes affectées d’une reproduction sexuée se rapprochant de celle des Phanérogames modernes, s’adaptant mieux aux conditions plus difficiles du climat, ont pris alors définitivement le pas sur les Cryptogames vasculaires trop dépendantes du milieu aquatique.Les troncs d’arbres (Dadoxylon ) ont la structure zonée des climats à variations saisonnières. Les Ptéridospermées portent des poils absorbants qui capturent les moindres traces d’humidité.La flore houillère est contemporaine d’une baisse du phytoplancton marin qui atteignit son point le plus bas à la fin du Carbonifère. Pendant tout le Paléozoïque inférieur, c’est le phytoplancton qui a fourni l’oxygène atmosphérique. La forêt houillère a pris le relais, au moment où le niveau atmosphérique actuel était pratiquement atteint.
Encyclopédie Universelle. 2012.